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Solide

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4 décembre 2005

Un sens pour l'histoire

Il est aujourd'hui désagréable au nouvel esprit du capitalisme de considérer une philosophie de l'histoire qui s'impose comme un sens. Tout se doit d'être dans l'équilibre précaire qui rend l'être humain transparent aux flux monétaires qui seuls dessinent les contours ontologiques de l'humanité. Cette humanité qui dans l'individualisme méthodologique exacerbe le libre arbitre et, comme vous le dites très bien ailleurs, désincarne ainsi les individus qui sont tissés par leurs relations aux autres, c'est un à dire par un vécu dont le présent ne peut jamais rendre 'compte'.

Cette désincarnation est une nécessité pour la rationalisation économique qui ne veut considérer que des formes abstraites permettant un calcul, une modélisation qui assure un moindre risque pour le marché.

 

L'économie de marché est un non-sens dans les termes. Il n'y a d'économie que de marché. Le capitalisme est, au tournant des XIIIème-XIVème siècle, l'avènement d'outils comptables et de pratiques monétaires et financières qui vont organiser des méthodes de contournement du marché. C'est à dire à manipuler les contraintes (manque/ abondance d'offre/demande de produits) pour maximiser les profits.

Celà existait depuis longtemps mais prend une ampleur nouvelle dans un basculement de valeurs que Fernand Braudel a bien mis en valeur.

 

L'économie capitaliste de marché est donc tout sauf une prise de risque. Elle se veut la minimisation des risques pour une maximisation des profits. L'ultra libéralisme, mal nommé, n'est que l'aboutissement actuel d'une logique de concentration du capital et de nécessité perpétuelle de diminution des risques et des coûts. Pour faire un parallèle informatique à l'heure de l'économie de la connaissance et de l'information, le capitalisme est le système embolique qui multiplie l'occupation du gigantesque disque dur qu'est notre planète. Gigantesque mais limité...

Certes ce système défragmente la planète de façon permanente, ce qui peut maintenir une illusion, ou tout du moins un flou, une incertitude. Mais son épanouissement est exponentiel, et l'illusion elle-même n'est plus possible, sauf à vouloir jouer à l'autruche.

 

Revenons donc au sens de l'histoire. Faut-il être Hégélien ? Marxien ?

Les données de fond ont-elles changé depuis le début du XIXème siècle ? Je ne le crois pas.

 

S'il n'est pas question de faire de rejouer la partition positiviste du progrès. Si cet aspect des lumières était une très compréhensible illusion de l'espérance à l’époque, vestige de la foi se métamorphosant alors… L'histoire a pourtant bien un sens, ni positif, ni négatif. Une simple évolution, le mouvement d’une boule aveugle qui avance, mais jamais ne recule.

 

Ce n'est que sur cette dimension de l'humanité que se construit l'alternative qui émerge actuellement. Non pas d'un cerveau, ni même de quelques uns comme aimerait pouvoir l'appréhender l'habitude occidentale, et presque humaine, de la puissance individuelle.

Il faut comprendre pour cela le poids de la démographie dans toute évolution sociale ou de civilisation… et de la baisse à venir de la population mondiale.

Nous allons vers plus d'autonomie individuelle, de la communauté, de la coopération, l'atténuation de la compétition, de la concurrence. Ce qui n'est pas un retour au communisme pour boucler la boucle comme le croyait Marx, mais une forme de gemeinschaft dont une mesure, un équilibre, entre la participation choisi et la soumission à des contraintes nécessaires sera acceptée comme juste et équitable. Mais le chemin est long et la route est dangereuse.

 

Plus de 90 % de la planète n'est pas encore en mesure de l'identifier. Plus grave, celle-ci est très difficile d'accès, mentalement, à ceux qui prennent peu ou prou les décisions qui organisent la vie matérielle de la planète. Leurs intérêts étant le plus souvent la seule mesure d'intelligibilité du monde acquise dans leur formation même (cf. reproduction). Il n'est donc pas impossible que notre espèce ne survive pas à une forme 'évoluée' de surpâturage...

J'avoue être sceptique sur ce point. Et ce n'est que dans ce cadre qu'il s'agit de se bouger un peu pour tenter d'accélérer le mouvement, tout au moins de ce passage périlleux...

 

Même si cela n'est à faire que pour nos enfants, voire petits enfants, et pour le long voyage auquel notre espèce rêve depuis que les étoiles se sont mises en mouvement dans ses yeux.

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